Appel à communicationsAppel à communications Identité(s), marges et langue(s) anglaise(s) 28-29 mai 2026 Université de Lorraine (Metz, France)
«Parmi les nombreuses ressources symboliques disponibles pour la production culturelle de l'identité, la langue est la plus flexible et la plus persuasive» [notre traduction] (Bucholtz & Hall 2004 : 369). Qu'il s'agisse d'utiliser certaines caractéristiques phonétiques pour s'aligner sur un groupe social particulier, de construire un récit personnel qui signale l'appartenance à une communauté donnée, ou encore d'utiliser des signes linguistiques spécifiques pour se distinguer des autres (parmi une myriade d'autres exemples), la langue est au cœur de la performance, de la (re)production et de la contestation de nos identités sociales, tant individuelles que collectives. Dans la configuration actuelle du climat sociolinguistique mondial, il est clair que l'anglais joue un rôle important dans l'expression culturelle de l'identité, puisqu’il est utilisé dans une variété presque infinie de situations par une diversité tout aussi infinie de locuteur.ice.s à travers le monde. Qu'il s'agisse d'une langue maternelle, d'une langue additionnelle, d'une composante du monolinguisme ou du multilinguisme, d'une langue nationale, d'une langue officielle, d'une lingua franca mondiale dans une grande variété de domaines, l'anglais est une langue qui, pour le meilleur ou pour le pire, se trouve profondément imbriquée dans les dynamiques liées aux identités locales, nationales et mondiales à travers le monde aujourd'hui. C'est à la fois une langue de domination, un outil permettant d'imposer les identités du pouvoir, et une langue de résistance, un moyen d'expression pour les voix marginalisées. C'est ce dernier point que cette conférence interdisciplinaire vise à explorer : le ou les rôles spécifiques de la langue anglaise (et ses variétés) dans l'élaboration, l'expression et la préservation des identités sociales parmi les individus ou les groupes situés dans ce que l'on pourra nommer les «marges» ou les «périphéries». S'appuyant sur la métaphore spatiale largement utilisée qui «fait référence à la répartition inégale du pouvoir dans l'économie, la société et la politique, soulignant les relations de domination/dépendance entre les différentes régions du monde» [notre traduction] (Vanolo 2010 : 30), l'objectif de cette conférence est de centraliser les discours et les pratiques linguistiques des populations marginalisées. Comment les groupes et les individus marginalisés utilisent-ils la langue anglaise pour établir, partager, renforcer et protéger leurs identités individuelles et/ou collectives ? De quelle manière les spécificités linguistiques des différentes variétés de la langue anglaise contribuent-elles à l'émergence de phénomènes de similitude et/ou de différence dans ces contextes ? Comment l'anglais est-il utilisé comme outil linguistique lorsqu'il s'agit d'affirmer des identités marginalisées et/ou de résister à celles d'un centre dominant ? Nous entendons par marginalisation, d'une part, les multiples processus par lesquels des groupes et/ou des individus sont exclus d'une participation significative à la vie sociale, économique, politique et culturelle et, d'autre part, les processus symboliques dans lesquels certains comportements ou pratiques en viennent à être qualifiés de « marginaux », « perçus par les autres comme s'écartant de ce qui est considéré comme la « norme» » [notre traduction] (Messiou 2012 : 11), affectant par la suite le comportement envers ces individus. Dans les deux cas, les individus et les groupes marginalisés se retrouvent dotés d'un capital culturel inférieur à celui de ceux qui constituent le « centre », les pratiques et les comportements de celui-ci formant les normes et les standards par rapport auxquels toute autre attitude sera perçue comme déviante, susceptible d'être marginalisée et/ou discriminée. Comme l'observe bell hooks (1984 : i), la plupart des personnes marginalisées doivent s'aligner sur ces normes/standards centraux tout en s'engageant dans des pratiques dites « périphériques » qui permettent la production d'une identité culturelle des marges. L'objectif de la conférence «Identity Construction and English(es) from the Margins» (Identité(s), marges et langue(s) anglaise(s)) est de proposer une approche centrée sur la langue anglaise comme moyen d'étudier ces pratiques «périphériques», les relations et les tensions entre ces pratiques et les normes et standards «centraux», ainsi que les façons dont les acteurs sociaux naviguent entre le centre et la marge, le cœur et la périphérie, dans les processus de construction identitaire culturelle. Notre approche est résolument intersectionnelle. En effet, de nombreuses recherches antérieures ont montré à quel point la langue est profondément liée aux processus de marginalisation et de construction identitaire en relation avec le genre (voir Jones 2016, Motschenbacher, H., & Stegu, M. 2013), la sexualité (voir Angouri & Baxter 2021), la race (ex. Rosa 2019) et/ou l'ethnicité (voir Fishman & Garcia 2010), le handicap (ex. Galvin 2003, Grue 2015), la neurodivergence (ex. Rebecchi 2025), la classe sociale (voir Snell 2014), parmi de nombreux autres paramètres. Cette conférence vise à enrichir ces travaux en explorant le(s) rôle(s) du(des) discours en langue anglaise et/ou des pratiques linguistiques spécifiques dans ces différents processus, qu'il s'agisse de l'un des paramètres ci-dessus, d'autres paramètres ou des intersections entre eux (par exemple Levon & Mendes 2016, Block & Corona 2016). Cette approche intersectionnelle s'accompagne d'une visée interdisciplinaire. Si la conférence reste axée sur la langue anglaise, s'adressant ainsi aux (socio)linguistes, aux analystes du discours et aux personnes qui travaillent dans des domaines connexes, nous espérons également réunir des chercheur.euse.s spécialisé.e.s en littérature, études de genre, études culturelles, études afro-américaines, sociologie, anthropologie, histoire, sciences de l'information, pour ne citer que quelques domaines. À ce titre, nous accueillons favorablement les propositions traitant d'une large diversité de médias et/ou de types de discours et de pratiques linguistiques. À titre d'exemple, il peut s'agir d'enregistrements audio et/ou vidéo, d'études ethnographiques, d'extraits de médias « traditionnels » (cinéma, télévision, presse, etc.) et/ou de «nouveaux» médias (réseaux sociaux, forums, applications, etc.), de différentes formes de discours politique (discours, pancartes, slogans, tracts, etc.), de diverses manifestations d'expression artistique (poésie, musique, arts du spectacle, etc.), de littérature (en langue anglaise ou traduite), de supports didactiques, d’analyses sémiotiques de médias non textuels (couleurs, vêtements, emojis, etc.) ou de corporalité (langue(s) des signes, gestes, performances de drag, danse, etc.), etc. Ces listes de domaines d'étude et d'objets d'étude possibles ne doivent pas être considérées comme exhaustives, mais plutôt comme un échantillon des domaines et des médias que nous espérons explorer au cours de cette conférence. Les questions que nous espérons explorer au cours de la conférence (outre celles énoncées ci-dessus) peuvent donc inclure, sans s'y limiter :
Détails pratiques Les propositions de communications, limitées à 300 mots, doivent être soumises dans un fichier anonyme et inclure :
Veuillez ajouter une brève note bio-bibliographique dans un fichier séparé. Les langues de la conférence sont l'anglais et le français.
Calendrier - Veuillez soumettre vos propositions sur la plateforme Sciencesconf avant le 18/12/25. - Notification d'acceptation : 16/02/26. Pour toute question, vous pouvez contacter camille.ternisien@univ-lorraine.fr et adam.wilson@univ-lorraine.fr
Comité d'organisation Camille Ternisien (Université de Lorraine, IDEA) Adam Wilson (Université de Lorraine, IDEA) Catherine Chauvin (Université de Lorraine, IDEA) Marie Flesch (Université de Lorraine, ATILF) Isabelle Gaudy-Campbell (Université de Lorraine, IDEA) Lindsey Paek (Université de Lorraine, ATILF) Héloïse Parent (Université de Lorraine, IDEA)
Comité scientifique Maëlle Amand (Université de Limoges) Célia Atzeni (Université Sorbonne Nouvelle) Marc-Philippe Brunet (Université Savoie Mont Blanc) Catherine Chauvin (Université de Lorraine) Florent Chevalier (Nantes Université) Christophe Coupé-Jamet (CY Cergy Paris Université) Ian Cushing (Manchester Metropolitan University) Solenn Delannoye (Université Sorbonne Nouvelle) Sarah Feustle (Université Paris Nanterre) Marie Flesch (Université de Lorraine) Isabelle Gaudy-Campbell (Université de Lorraine) Margaret Gillespie (Université de Franche-Comté) Olivier Glain (Université Jean Monnet Saint-Etienne) Laura Goudet (IUF, Université de Rouen Normandie) Katy Highet (University of the West of Scotland) Morana Lukač (University of Groningen) Philippe Millot (Université Lumière Lyon 2) Grégory Miras (Université de Lorraine) June Misset (Université de Strasbourg) Clara Molina Avila (Universidad Autónoma de Madrid) Lindsey Paek (Université de Lorraine) Héloïse Parent (Université de Lorraine) Kevin Petit (Université Clermont Auvergne) Linda Pillière (Aix-Marseille Université) Jean Paul Rocchi (Université Gustave Eiffel) Sandrine Sorlin (Université Paul Valéry Montpellier) Camille Ternisien (Université de Lorraine) Cécile Viollain (Université Paris Nanterre) Adam Wilson (Université de Lorraine) Séverine Wozniak (Université Lumière Lyon 2)
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